Décès de Idriss Déby, ancien Président du Tchad

Le 20 avril dernier, vers 13h, les premières dépêches annonçaient le décès d’Idriss Déby, président du Tchad tandis que l’information circulait rapidement sur les réseaux et dans le cercle de ceux qui s’intéressent de près à la situation de ce pays enclavé d’Afrique subsaharienne. Cette nouvelle a d’abord surpris car il n’est pas fréquent qu’un Président fraichement réélu décède quelques heures plus tard au combat, en premières lignes contre une faction rebelle. Ensuite, les premières analyses ont rapidement cédé le pas à la surprise pour comprendre quel pouvait être l’impact de la disparition d’un partenaire essentiel dans la guerre contre les djihadistes au Sahel.

Opportunité pour le Tchad ou risque pour le Sahel ?  Les avis sont souvent bien tranchés sur Idriss Déby, à l’image d’une personnalité clivante : ce fils d’éleveur modeste, militaire de carrière, est arrivé au pouvoir à la suite d’un coup d’Etat en 1990 et s’y est maintenu durant 30 années.

A Morija, le Tchad est un pays que nous connaissons bien puisque nous y menons des actions depuis plus de 30 ans. Comptant parmi les pays les plus pauvres du Sahel, il figure logiquement parmi nos 4 pays d’intervention. Après la surprise, ma première réaction fut d’appeler notre Coordinateur local Ferdinand pour nous assurer que tout allait bien pour lui et nos collaborateurs sur place. Derrière les paroles rassurantes, je pouvais néanmoins sentir l’inquiétude pour l’avenir et celle de toute une population qui se demandait de quoi il serait fait et par qui elle serait gouvernée. Cette population est aujourd’hui au bénéfice de bon nombre de nos projets de développement rural, ces derniers ont connu un nouvel élan en 2021 avec le soutien de l’Union Européenne et bénéficient à des milliers d’hommes, femmes et enfants.
Tout cela va-t-il être remis en cause ?

Aujourd’hui beaucoup d’incertitudes planent sur l’avenir politique, démocratique et sécuritaire du pays. Ces enjeux qui relèvent de la sécurité intérieure du Tchad, impacteront également toute la région sahélienne tant le Tchad joue un rôle important dans l’équilibre sécuritaire (fragile) de toute la zone. Comme beaucoup, nous espérons qu’une transition démocratique permettra de garantir la paix dans ce pays qui compte parmi les plus pauvres du monde. Car si la sécurité ne dépend pas de notre action, elle est une condition nécessaire pour que celle-ci puisse se poursuivre auprès d’une population dont les besoins demeurent notre priorité.

Benjamin Gasse, Directeur Morija

Tchad