À Guider, au Cameroun, près de notre Centre de Santé Intégré (CSI), un camp accueille les réfugiés ayant fui les exactions du groupe islamiste Boko Haram. À cause de la surpopulation du camp, certains vivent éparpillés dans les quartiers de la ville. Leur situation est critique : même si une partie d’entre eux est logée dans des familles, ils doivent se débrouiller pour manger, s’habiller et se soigner. D’autres habitent des maisons abandonnées ou louent des cases en périphérie de la ville.
Nous avons ciblé 50 familles de réfugiés parmi les plus démunies. Comptant 6 personnes en moyenne, elles reçoivent des vivres une fois par mois : un sac de céréales, de l’huile, du sucre, du sel, des morceaux de savon. La première distribution a eu lieu en juin et a touché environ 250-300 personnes.
Pour les familles qui vivent trop loin du CSI, l’aide est apportée directement à domicile. Les autres viennent chercher les vivres au Centre les jours de distribution. De plus, les familles prises en charge peuvent s’y faire soigner gratuitement.
Toutes ont des histoires à partager : le père d’une famille de quatre enfants est porté disparu, un autre est rentré au Nigéria en espérant qu’il sera possible pour sa femme et ses cinq enfants d’y retourner un jour, un autre encore a eu le pied cassé lors de sa fuite…
Gaston Kagriyé et sa famille sont arrivés à Guider en mars. Ils arrivaient difficilement à joindre les deux bouts : « Ma femme travaille comme domestique chez les autochtones et mes enfants récoltent les légumes sauvages et les fagots pour notre propre consommation, mais aussi pour les vendre au marché. C’est difficile parce que nous devons payer le loyer. Grâce à l’aide reçue du CSI, mes six enfants commencent à reprendre des formes. »
L’un de ses enfants souffrait d’un ganglion au niveau du cou, ce qui entravait sa respiration et menaçait dangereusement sa vie : « Il a pu bénéficier d’une intervention chirurgicale à l’hôpital de Guider. Sans l’aide de Morija, nous n’aurions jamais pu payer les frais qui s’élevaient à 20.000 CFA (env. CHF 32.- / 30 €). »
À Guider depuis novembre 2015, Céline Alloua, elle, élève seule ses deux enfants : « Mon mari était sorti de la maison le jour où Boko Haram a attaqué notre village, au Nigéria. Depuis ce jour-là, je suis sans nouvelles de lui. C’était difficile pour moi à mon arrivée à Guider, car, pour vivre, j’étais obligée de chercher des fagots et de les vendre au marché, tout en m’occupant seule des enfants. Grâce à l’aide du CSI, nous recommençons à manger à notre faim et je peux dormir l’esprit apaisé en sachant que nous aurons assez de réserves pour le lendemain. »
En fonction des moyens disponibles, le Centre prévoit également de fournir aux réfugiés des moustiquaires et des couvertures pour les protéger du paludisme et du froid.