Samedi 6 février, Journée internationale contre les mutilations génitales féminines

Selon l’Organisation mondiale de la santé, entre 120 et 140 millions de femmes vivent actuellement avec les conséquences de mutilations génitales féminines (MGF). Chaque année, 3 millions de filles continuent de subir celles-ci. Pour lutter contre cela, éduquer reste la meilleure réponse face à ces pratiques brutales et invalidantes.

Catherine Sawadogo
Catherine Sawadogo, directrice administrative du CREN

Les mutilations génitales féminines sont dénoncées depuis de nombreuses années. Mais ces pratiques demeurent et touchent chaque année quelque 3 millions d’enfants ou de jeunes filles.

De nombreux pays, comme le Burkina Faso par exemple, ont radicalement interdit cette pratique ; néanmoins, l’ablation des organes génitaux persiste dans certains endroits, où elle est un rituel culturel, social, religieux.

Ces mutilations sont le fait d’exciseuses et d’accoucheuses, mais aussi – dans plus de 18% des cas – de soignants ; souvent pratiquées sans anesthésie, avec des lames de rasoir, des ciseaux ou des couteaux, les interventions sont toujours traumatisantes et peuvent entraîner des complications immédiates, comme hémorragies, tétanos, septicémie, rétention d’urine, voire la mort… A plus long terme, infections récidivantes de la vessie, kystes, stérilité, difficultés pour accoucher, décès des nouveau-nés, stérilité, sans oublier de graves conséquences psychologiques sur l’image de soi…

Il faut continuer de lutter

Catherine Sawadogo est directrice administrative du Centre de récupération et d’éducation nutritionnelle de Ouagadougou. Jointe par téléphone, elle explique depuis le Burkina Faso : « Morija mène des séances de sensibilisation contre les mutilations auprès des mères d’enfants malnutris ; cela se fait au moyen de causeries, de saynètes ou encore de films. Nous leur expliquons les conséquences dramatiques qu’elles peuvent provoquer, et surtout, nous leur en démontrons l’inutilité !
La population burkinabè est mise en garde contre ces pratiques depuis bien des années. Mais le poids des traditions perdure. Souvent, la belle-mère, les grands-parents, voire le père lui-même mettent une pression considérable pour qu’une enfant soit excisée. Malheureusement, la mère n’est pas toujours en mesure de protéger sa petite fille.
Dieu merci, les jeunes femmes se battent pour empêcher cela. Mais il arrive encore trop souvent que, si la toute jeune mariée n’est pas excisée, elle se fasse marginaliser au sein de sa belle-famille. J’ai même rencontré une femme qui a dû fuir son propre foyer pour se protéger et protéger ses enfants.
Aujourd’hui encore, de jeunes hommes pensent que si leur épouse n’est pas excisée, ils vont être impuissants… C’est terrible ! Le changement de comportement est lent, et prendra encore au moins une génération. Mais je vais continuer à me battre jusqu’à ce que cela change. »

Le journal de février, à paraître vers le 20 de ce mois, présente des portraits de femmes. Qu’elles soient bénéficiaires de nos actions ou collaboratrices de Morija, elles se battent contre leur statut précaire et le rôle subordonné qui leur est attribué. Au contraire, elles s’engagent résolument pour la cause des femmes et leur droit à vivre dans la dignité. Non seulement pour elles-mêmes, mais aussi pour leurs enfants.