Le projet d’épargne communautaire de Morija au Tchad fait parler de lui dans un journal local…

Un article a été consacré au projet Epargner pour le Changement (EPC) de Morija dans le journal tchadien Le Progrès.

Voici l’article :

Femmes de Bessada en lutte contre la pauvreté

Plus de 155 millions de francs épargnés et partagés

Dans presque tous les villages du canton Bessada, situé à environ 25 km de la ville de Koumra, chef-lieu de la province du Mandoul, les femmes s’organisent en groupe pour épargner de l’argent jusqu’à un certain montant avant de se partager. L’action est dénommée « Epargner Pour le Changement » en abrégé EPC. Mme Madikem Djitebaye, l’animatrice de l’ONG Morija, porteuse du projet Epargner Pour le Changement, explique qu’il y a au total 89 groupes de femmes dans les différents villages qui ont épargné, en 2021, plus de 155 millions de francs CFA. La taille des groupes varie d’un village à un autre. Certains groupes comptent en leur sein une vingtaine de membres, d’autres en compte une trentaine. Les noms donnés à ces groupes expliquent l’objectif visé par chacun d’eux. Par exemple, les groupes Lom-yadignague, Yan-ndadje-kemadje, Dje-hontogue qui signifient respectivement le bonheur des femmes, le bon modèle à imiter, tenons bons. Chaque groupe a un bureau composé d’une présidente, d’une trésorière, d’une caissière et de deux gardiennes des clés de la caisse. Le montant et la fréquence de l’épargne varie également d’un groupe à un autre. Dans certains groupes, les membres cotisent 1000F chacune par semaine pendant huit mois ; dans d’autres c’est 1500F par semaine pendant 12 mois. Ainsi, pendant huit ou douze mois, selon la taille du groupe, les femmes arrivent à épargner un million ou plus d’un million de francs CFA.

Le partage de fonds

Arrivées au terme de l’échéance fixée pour épargner, les membres d’un groupe décident de la date et du lieu de partage. Ce jour-là, elles se retrouvent toutes au lieu indiqué pour ouvrir leur caisse d’épargne, recompter l’argent épargné et se le partage selon ce que chacune d’elles, a épargné. Certaines se retrouvent avec 36.000 F CFA en main, d’autres 52.000 F CFA. Aux villages Moskelim 1, 2 et 3, il y a sept groupes de femmes qui ont épargné en huit mois, 9.125.000 F CFA. Chaque femme a eu 36.000F. Le groupe Yandadje-Kimadje de Bessada a eu en huit mois, 1.325.150F CFA. Djiraïmadji, un autre groupe de Bessada a épargné, quant à lui, 1.309.000 F CFA. Les membres de ces deux groupes se sont partagé le fruit de leur épargne le samedi 05 février 2022 dans une concession de l’une des présidentes.

Activités génératrices de revenus

Pour avoir un peu de moyens financiers et pouvoir épargner, les femmes membres des groupes d’épargne mènent les activités génératrices de revenus tels que la préparation et la vente des gâteaux, des savons, de l’huile d’arachides et de karité. D’autres font des cultures pluviales et de contre-saison, de l’élevage de la volaille et des petits ruminants afin d’avoir de l’argent et épargner.

L’utilité de l’épargne

L’argent épargné et partagé permet aux femmes de réaliser beaucoup de choses dans leurs foyers et dans leurs villages.  « Avec cet argent, nous achetons des poules, des chèvres ou des moutons pour les élever. Nous achetons certains équipements pour améliorer nos conditions de vie familiale. Nous payons la scolarité et les fournitures scolaires pour nos enfants » témoigne Mme Yantor Florence, la présidente du groupe Djiraïmadje de Bessada. « Cet argent permet aux femmes du village de Moskilim de barrer la route à la pauvreté » déclare Mme Remadje Adeline, présidente du groupe Djiraikinan de Moskilim. « Depuis leur naissance jusqu’au mariage, certaines femmes n’ont jamais eu, en liquidité, 50.000F CFA dans leurs mains. Avec l’EPC, nous avons cette possibilité d’avoir une telle somme d’argent pour soutenir nos maris, pour contribuer à l’amélioration de nos conditions de vie et participer au développement de nos villages en soutenant les œuvres éducatives » dit avec beaucoup d’humour Mme Yankidale Antoinette, la présidente du groupe Yandadji-kimadji de Bessada.

L’animatrice des groupes d’EPC, Mme Madikem Djitebaye déclare sans détour qu’il y a un grand changement dans les foyers paysans. Autrefois dit-elle, beaucoup de femmes étaient incapables d’acheter le sucre et de préparer le thé à un étranger en l’absence de leurs époux. Elles ne pouvaient pas, non plus, payer la scolarité de leurs enfants si leurs maris ne faisaient pas. Avec le système d’Epargner Pour le Changement, les femmes sont capables de relever ces défis en l’absence de leurs époux ou en soutien à ceux-ci. En matière d’éducation, poursuit l’animatrice, les femmes de Moskilim ont décidé de prendre en main « l’école Espoir de Moskilim » en vue de mieux promouvoir l’éducation de leurs enfants. Ce sont elles qui paient les frais de scolarité et les fournitures scolaires de manière à ce qu’aucun enfant de Moskilim ne soit déscolarisé. Le chef de village de Moskilim, M. Oyambaye Taringar apprécie cette initiative en ces termes « Avec l’EPC, nos femmes s’habillent mieux. Elles soignent nos enfants lorsqu’ils tombent malades. Elles soutiennent l’école et nous soutiennent, nous leurs maris, dans nos travaux champêtres ». Allako-as Mandibaye 

Vous pouvez soutenir le projet EPC en faisant un don « Développement rural »